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Pourquoi les décideurs politiques doivent-ils rejeter les propositions de l’OMS en matière de pandémie ?

[Thi Thuy Van Dinh (LLM, PhD) a contribué à cet article. Il a travaillé dans le domaine du droit international à l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et au Haut Commissariat aux droits de l’homme. Par la suite, il a géré des partenariats avec des organisations multilatérales pour le « Intellectual Ventures Global Good Fund » et a dirigé des initiatives pour le développement de technologies écologiques dans des contextes à faibles ressources.]

Les démocraties et les sociétés saines sont fondées sur le rationalisme et l’honnêteté. Elles ne le démontrent pas toujours, mais ces valeurs doivent sous-tendre les décisions importantes. Sans elles, ni la démocratie ni la justice ne sont durables. Elles sont remplacées par une structure dans laquelle quelques-uns dictent leur loi au plus grand nombre, et les excès du féodalisme, de l’esclavage ou du fascisme prennent le dessus. C’est pourquoi tant de gens se sont battus si durement, pendant si longtemps, pour défendre ces idéaux. Les peuples des pays démocratiques élisent alors leurs représentants pour occuper la position privilégiée de gardiens de leur liberté.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) propose un traité sur les pandémies et des amendements au Règlement sanitaire international (RSI) existant, afin d’accroître son pouvoir en cas d’urgence sanitaire. Ces propositions élargissent également la portée des situations d’urgence pour inclure un risque potentiel plutôt que de préjudices réels. Le projet de traité propose une définition vague de l’expression « Une seule santé » (One Health) qui englobe tout événement survenant dans la biosphère et susceptible d’affecter le bien-être de l’homme. Ce pouvoir de décision sera confié à une seule personne, le directeur général de l’OMS. L’OMS exigera des pays signataires de ces accords qu’ils suppriment et censurent les voix de ceux qui remettent en cause les diktats du directeur général.

Ces deux propositions, que nous avons analysées en détails ici et ici, visent à développer une bureaucratie internationale pour les urgences sanitaires avec un budget annuel supplémentaire estimé par la Banque mondiale à trois fois le budget actuel de l’OMS. Ce programme est fortement soutenu par les principaux sponsors de l’OMS, qu’il s’agisse de particuliers ou d’entreprises. Ceux-ci bénéficieront directement des réponses proposées, lesquelles seront largement axées sur des produits de vente. Toutefois, il sera financé en majeure partie par les contribuables.

Il s’agit là d’un nouveau modèle pour l’OMS et pour la santé publique. L’OMS a été conçue à l’origine pour servir les pays, et non pour leur donner des instructions. Ces propositions visent à réduire le pouvoir de décision individuel et national, ou la souveraineté, en le remplaçant par l’obéissance aux recommandations de l’OMS. Lorsque le directeur général de l’OMS a récemment laissé entendre que ce qui précède n’était pas vrai, il ne faisait pas référence aux propositions de l’OMS, mais à une autre campagne de communication publique. Dans le jargon de l’OMS, il faisait de la désinformation.

La souveraineté individuelle et les droits de l’homme étaient autrefois fondamentaux pour la santé publique. Ces concepts sont généralement appliqués par l’intermédiaire de représentants élus et en préservant les droits inaliénables de l’individu pour les décisions concernant son corps. Les accords antifascistes tels que le code de Nuremberg reposent sur ce principe. Ce sont là des raisons impérieuses de s’opposer aux propositions de l’OMS. Mais il existe d’autres raisons impérieuses pour lesquelles celles-ci sont ridicules et dangereuses.

Mise en place d’un cartel

Une grande partie du financement de l’OMS provient de sponsors privés et d’entreprises, qui stipulent comment leur argent sera utilisé. Les entreprises ont la responsabilité envers leurs actionnaires d’utiliser cette relation pour augmenter leurs profits, tandis que des particuliers investissent directement dans des entreprises qui bénéficieront des propositions d’urgence sanitaire de l’OMS. Nous l’avons constaté pendant la crise du Covid-19.

Le manque d’intérêt des grands médias, qui tirent leurs principales recettes publicitaires privées de ces mêmes entreprises, ne doit pas être considéré comme une raison pour l’ignorer. Les sponsors de l’OMS ont l’intention de tirer profit du fait que l’OMS arrache aux gouvernements représentatifs la gestion d’aspects sanitaires potentiellement rentables, de sorte que leurs produits puissent être plus largement et plus fréquemment imposés.

Atteinte à la démocratie

Il est juste que tous les pays soient représentés à l’Assemblée mondiale de la santé. Cependant, une grande partie de la population mondiale est sous le joug de gouvernements autoritaires et des dictatures militaires. L’actuel directeur général de l’OMS était ministre d’un gouvernement dictatorial. Cette situation est acceptable pour une organisation qui organise des réunions et nomme des maladies. Mais il est manifestement inapproprié pour un pays démocratique de céder l’autorité sur ses propres citoyens à une telle entité, ainsi qu’à des fonctionnaires internationaux qui n’ont pas de comptes à rendre et qui sont soumis à des conflits d’intérêts, à des influences et des partialités.

Les mesures de santé publique devraient dépendre entièrement des valeurs et des priorités de la population, et non de dictateurs étrangers ou des personnes qu’ils ont nommées. Il serait absurde de céder le contrôle à ceux qui épousent des valeurs totalement opposées.

Une incompétence flagrante

Avant de confier sa propre santé à d’autres, il est essentiel de s’assurer de leur compétence. Bien qu’elle ait élaboré au préalable des lignes directrices fondées sur des données factuelles, pour lutter contre les pandémies, l’OMS s’est désastreusement égarée avec la Covid-19. Elle a soutenu des politiques qui ont aggravé la situation. Elle a soutenu des politiques qui ont aggravé les maladies telles que le paludisme, la tuberculose et la malnutrition, et qui ont augmenté l‘endettement et la pauvreté, ce qui aura des conséquences néfastes sur la santé de la prochaine génération. Ces politiques ont accru le travail des enfants et facilité le viol de millions de jeunes filles contraintes au mariage, tout en privant des centaines de millions d’enfants de scolarité. Les personnes âgées malades n’ont pas pu être soignées, tandis que les personnes en bonne santé ont été confinées chez elles. Elles ont favorisé la plus grande concentration de richesses croissantes de l’histoire et l’appauvrissement de masse qui en découle.

Depuis deux ans, l’OMS s’est lancée dans un projet de vaccination massive de 70 % des populations africaines, alors que la moitié de la population a moins de 20 ans, que le risque est donc minime et que l’étude de l’OMS elle-même montre que la grande majorité a déjà eu la Covid-19. Ce programme est le plus coûteux, par an, jamais entrepris par l’OMS. L’organisation cherche maintenant des mandataires qui lui permettront de répéter souvent ce type de réponse.

Mépris des droits de l’homme

Les pays qui adoptent les amendements proposés au RSI acceptent que les recommandations de l’OMS seront contraignantes. La liste envisagée dans le RSI comprend la fermeture des frontières et le refus des voyages individuels, l’isolement des personnes « suspectes », les examens médicaux et les vaccinations obligatoires, les contrôles de sortie de territoire et l’exigence de tests de dépistage. Ces mesures seront imposées aux citoyens d’un pays lorsqu’un membre de cette organisation parrainée par de grandes sociétés multinationales et de riches investisseurs décidera, en toute indépendance, qu’une « menace » sanitaire non définie constitue un risque pour d’autres pays.

Il n’y a pas de critères clairs de « risque », ni de nécessité de démontrer un préjudice, pour imposer cette suppression draconienne des droits fondamentaux de l’homme. Le directeur général de l’OMS n’aura même pas besoin de consulter ni d’obtenir l’aval d’autres personnes. D’autres initiatives sont également en cours pour garantir que les vaccins requis n’auront pas à subir les tests de sécurité habituels. Il n’y a pas d’examen de conscience sur les ravages causés aux populations et aux économies par des politiques similaires mises en œuvre pendant la pandémie de Covid. Au contraire, l’OMS et ses partenaires prétendent qu’il y a urgence, en se servant d’épidémies mineures sans conséquence, comme la variole simienne, pour justifier leur empressement. C’est tout à fait à l’encontre et de fait l’inverse complet du concept de la santé communautaire et des droits de l’homme de l’après guerre.

Un trou noir financier qui s’auto-entretient

Le système proposé par l’OMS mettra en place une bureaucratie mondiale de la santé très différente de celle qu’elle a traditionnellement maintenue. Tous les deux ans, l’organisation évaluera le degré de préparation de chaque pays à répondre aux événements rares et exigera des rectifications. Une surveillance intensive permettra de trouver de nouvelles variantes du virus, qui évolue toujours dans la nature. Plutôt que de laisser ces variantes s’estomper sans les détecter, cette bureaucratie les séquencera, les nommera, décidera qu’elles constituent une menace et mettra en place les mesures de destruction de la société et de l’économie qu’elle a perfectionnées depuis 2020.

Bien que l’OMS n’ait enregistré qu’une seule « pandémie » bénigne par génération au cours des 100 dernières années, ce système rend inévitable la proclamation d’urgences fréquentes. Ce « succès » sera une justification essentielle pour maintenir le financement. La réponse comprendra des confinements et des fermetures de frontières, puis des tests et des vaccinations de masse « pour échapper à ces fermetures et sauver l’économie ». Les médias colporteront les dernières nouvelles, compteront les infections et les lits d’hôpitaux disponibles sans fournir le moindre contexte ; les services de santé présenteront leurs travailleurs essentiels comme des héros à l’échelle internationale, régionale et nationale. La Covid-19 a établi ce modèle.

Dans un pays doté d’une démocratie constitutionnelle fonctionnelle, un tel système perverti d’incitatifs ne serait pas autorisé. Mais l’OMS ne relève d’aucune juridiction nationale et ne rend des comptes à aucun électorat. Elle n’a pas à subir les conséquences négatives de ses décisions. Elle donne la priorité aux besoins de ses commanditaires et tente de les imposer à distance, à d’autres personnes. Elle n’a pas d’autre choix que d’accepter ce financement pour payer les salaires de son personnel.

La réalité en matière de santé

L’OMS n’est plus l’organisation qu’elle était il y a 40 ans. Si l’on se base sur la charge de morbidité (ce qui mutile et tue les gens), les grands tueurs de l’humanité, hormis la vieillesse, sont les maladies non transmissibles (c’est-à-dire la plupart des cancers, les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète et d’autres maladies métaboliques), les maladies infectieuses telles que la tuberculose, le VIH/SIDA, le paludisme et les nombreux maux résultant de la malnutrition infantile. En comparaison, les pandémies ont eu un coût minime pour l’humanité au cours du siècle dernier. Sans se laisser décourager par ces réalités, l’OMS continue de considérer la Covid-19 (âge moyen du décès >75 ans) et même la variole (<100 décès dans le monde) comme des urgences internationales.

Les modalités de financement de l’OMS, ses antécédents et la nature perverse de la réponse qu’elle propose aux crises sanitaires devraient suffire à faire de ces propositions un anathème dans les États démocratiques. Leur mise en œuvre devraient prohiber l’OMS de recevoir des fonds publics ou de fournir des conseils de santé. La communauté internationale peut bénéficier d’une coordination en matière de santé, mais il ne serait pas judicieux de confier cette fonction à une organisation qui sert manifestement d’autres intérêts.

Publié à l’origine dans Brownstone Institute

David Bell,

Chercheur principal à l’Institut Brownstone, est médecin en santé publique et consultant en biotechnologie dans le domaine de la santé mondiale. Il a été médecin et scientifique à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), chef de programme pour le paludisme et les maladies fébriles à la Fondation pour les nouveaux diagnostics innovants (FIND) à Genève, en Suisse, et directeur des technologies de santé mondiale à Intellectual Ventures Global Good Fund à Bellevue, WA, aux États-Unis.

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