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L’étrange campagne visant à vacciner les enfants allemands contre les recommandations des organismes de réglementation et en l’absence de toute preuve

Pourquoi les responsables politiques allemands étaient-ils si pressés, à l’été 2021, de vacciner les écoliers ? Telle était la question au centre de la publication d’hier. Je l’entends d’une manière très spécifique. Je comprends qu’il s’agissait d’une période de folie vaccinale générale, où tout le monde, des pédiatres locaux à la chancelière Angela Merkel, nourrissait le rêve fou de mettre fin à la pandémie grâce à la vaccination de masse. Je voudrais toutefois savoir ce qui a poussé les responsables politiques allemands à contredire l’avis de leur propre organe consultatif, la Commission permanente de vaccination (la STIKO). Je voudrais également savoir pourquoi personne ne veut en parler ouvertement aujourd’hui et pourquoi Britta Ernst, alors ministre de l’éducation du Brandebourg, s’est montrée si évasive lorsqu’on lui a posé précisément cette question.

Avec l’aide de Stefanie, qui s’est distinguée sur Twitter par ses enquêtes très détaillées et implacables sur les folies pandémiques en Allemagne, j’ai établi une chronologie générale des événements survenus entre les mois cruciaux de mai et d’août 2021. Cet exercice a été extrêmement révélateur, car il a montré comment notre régime de « suiveurs de La Science » 1) a soumis ses propres scientifiques à d’énormes pressions politiques lorsqu’ils ont émis une recommandation malvenue sur la vaccination des enfants, puis 2) a cherché à saboter la force de ce conseil en exhortant les adolescents à se faire vacciner malgré tout, avant que la pression ne devienne insoutenable 3) et ne force les experts scientifiques à faire marche arrière et à modifier leurs recommandations.

À ce jour, « La Science » n’a jamais été en mesure de produire quoi que ce soit qui plaide en faveur de la vaccination d’enfants en bonne santé contre le Covid-19. Les vaccins sont plus risqués pour eux que le virus, et les données des vaccinateurs eux-mêmes le montrent. Malgré cela, nous avons vacciné des millions et des millions d’adolescents, provoquant des handicaps graves et des décès chez un nombre non négligeable d’entre eux, pour des raisons purement politiques. Dire qu’il s’agit d’un grand scandale est le moins que l’on puisse dire.

La première phase de notre histoire se déroule à la mi-mai, lorsque l’Agence européenne des médicaments (EMA) examine la possibilité d’approuver le vaccin BioNTech/Pfizer pour les jeunes de 12 à 17 ans. Le ministre de la santé de l’époque, Jens Spahn, planifiait déjà une campagne massive de vaccination des adolescents. Il voulait envoyer les enfants dans les centres de vaccination et souhaitait des « vaccinations en série » dans les écoles. L’objectif, a-t-il déclaré à Deutschlandfunk, était de vacciner tous les adolescents avant la fin du mois d’août, c’est-à-dire avant la fin des vacances d’été. Dès le départ, l’objectif était donc de vacciner les enfants avant l’année scolaire 2021/22. C’est très important.

Le 28 mai, l’EMA a approuvé BioNTech/Pfizer pour les enfants, comme prévu. Lors d’un « sommet sur la vaccination », la chancelière Angela Merkel et les ministres présidents des Länder ont commencé à élaborer des plans concrets pour vacciner les enfants. Le directeur de la STIKO, Thomas Mertens, a toutefois rappelé que les vaccins n’étaient pas des « bonbons », mais des interventions médicales sérieuses, et que la simple réouverture des écoles après les vacances ne justifiait pas en soi de vacciner qui que ce soit.

Les responsables politiques allemands n’ont pas apprécié:

« Les enfants et les adolescents peuvent être infectés et transmettre le virus, c’est pourquoi la vaccination doit leur être proposée – à condition qu’elle ait été approuvée et que les avantages et les risques aient été évalués », a déclaré Stephan Weil (SPD), ministre-président de la Basse-Saxe, à Redaktionsnetzwerk Deutschland (RND). Toutefois, la Commission permanente de vaccination (la STIKO) a récemment fait savoir qu’il n’émettrait pas de recommandation générale pour les enfants pour le moment. M. Weil ne peut pas comprendre cela : « Le fait que la Commission permanente de vaccination remette soudain en question le bien-fondé de la vaccination universelle des écoliers me déconcerte, ainsi que beaucoup d’autres personnes. »

Le 10 juin, la STIKO a finalement publié sa recommandation, indiquant que les vaccins ne convenaient qu’aux adolescents présentant de problèmes de santé spécifiques. Cette décision a vidé de son énergie l’initiative visant à vacciner les adolescents. Pendant des semaines, les principaux responsables politiques ont cessé d’en parler, mais le gouvernement fédéral a néanmoins ouvert la vaccination à l’ensemble de cette tranche d’âge. Il pouvait autoriser les 12-17 ans à se faire vacciner, même si la STIKO ne pensait pas que c’était une bonne idée. Dans le vide discursif, divers médecins ont commencé à expliquer à une presse impatiente pourquoi la prudence était de mise et pourquoi il n’était pas judicieux de vacciner massivement les enfants.

En juillet, craignant de perdre le contrôle du discours officiel, les politiciens ont commencé à riposter. Dans un premier temps, la riposte a été timide. Le 2 juillet, Christian Lindner, membre du FDP, a participé à l’émission nocturne de Maybrit Illner pour demander la mise en place d’ « équipes mobiles de vaccination » dans les écoles. Trois jours plus tard, Saskia Eskin, présidente du SPD, a demandé à la STIKO de revoir son évaluation et de recommander la vaccination de tous les adolescents. C’est sans doute à cette époque que Cornelia Betsch a commencé à travailler sur son prospectus scolaire manipulateur, expliquant aux enfants de Thuringe comment se faire vacciner sans l’accord de leurs parents. La vision initiale, qui consistait à vacciner les 12-17 ans avant la fin des vacances d’été, est restée d’actualité et a été mise en œuvre en coulisses.

Deux jours après la publication de la circulaire de Mme Betsch, le ministre-président de Bavière, Markus Söder, a accordé une interview à BR24, dans laquelle il a qualifié les membres de la STIKO de « volontaires », dont l’hésitation s’opposait aux régulateurs européens qui avaient déjà approuvé les vaccins. L‘EMA, a-t-il dit, ce sont des « professionnels », tandis que les amateurs de la STIKO semaient « l’incertitude ».

Il s’agissait d’une attaque publique sans précédent de la part d’un homme politique allemand de premier plan à l’encontre d’un organe consultatif scientifique indépendant, et la STIKO s’est adressée à la presse pour se défendre:

« Les déclarations de M. Söder et d’autres personnes au sujet de la STIKO et de son travail sont inhabituelles, même en période électorale, et doivent être corrigées », a déclaré la comission dans un communiqué vendredi.

Les membres de la STIKO se sont exprimés de manière encore plus claire …. « Markus Söder est allé trop loin dans ses déclarations », a déclaré Rüdiger von Kries… « Son comportement et ses déclarations sont inacceptables ». Il « va trop loin » en discréditant un organe consultatif scientifique parce que son avis ne lui convient pas… Les propos enflammés de Söder sont « erronés, inutiles et n’aident personne ». M. Von Kries a appelé le ministre fédéral de la santé, Jens Spahn (CDU), à soutenir la comission.

Fred Zepp, pédiatre à Mayence et membre de la STIKO depuis de nombreuses années, s’est plaint que des hommes politiques comme Markus Söder demandent aux scientifiques de modifier leurs recommandations sans raison. « Même en période électorale, il s’agit d’une tentative d’influence inhabituelle de la part d’une personne qui n’est pas compétente sur le plan médical », a déclaré M. Zepp.

M. Söder ne s’est pas laissé décourager. Le 23 juillet, il a exigé un programme de vaccination générale pour les adolescents, malgré les hésitations de la STIKO, et sa tactique a fait son chemin. Le Schleswig-Holstein a annoncé qu’il enverrait des équipes mobiles de vaccination dans les écoles au mois d’août. Le tournant s’est produit le 29 juillet. Ce jour-là, Robert Habeck, éminent politicien vert, a demandé à la STIKO de reconsidérer son « hésitation », et Britta Ernst, ministre de l’éducation du Brandebourg, a exigé la vaccination des enfants. Interrogée par la commission d’enquête Corona du Brandebourg, elle s’est montrée étrangement évasive, évoquant de manière peu crédible la pression des parents. En fait, ses déclarations étaient clairement coordonnées avec celles d’autres politiciens de premier plan. On observe également une activité bizarre dans la presse à cette époque. Le Tagesspiegel, par exemple, a publié un article étonnant avec une accroche affirmant faussement que la STIKO recommandait désormais la vaccination des adolescents et faisant état d’un réseau secret de médecins qui avaient commencé à vacciner illégalement des enfants de moins de 12 ans.

La STIKO est restée initialement intransigeante, mais elle était en train de perdre la guerre, car il devenait évident que les hommes politiques allemands étaient déterminés à vacciner les 12-17 ans, avec ou sans leur approbation. Le 2 août, Karl Lauterbach a rejoint le chœur de ceux qui réclamaient un programme de vaccination des adolescents, et les ministres de la santé des Länder ont décidé de proposer la vaccination à tous les jeunes de cette tranche d’âge. En Saxe, les régulateurs ont décider d’agir en franc-tireurs, en recommandant eux-mêmes la vaccination des plus de 12 ans. Une semaine plus tard, la sénatrice berlinoise chargée de la santé, Dilek Kalayci (SPD), a même écrit une lettre à l’ensemble des 180 000 écoliers de sa ville pour leur conseiller de se faire vacciner.

« Nous voulons permettre un retour à une vie largement normale », écrit Mme Kalayci. « Cela implique également que les écoles fonctionnent avec le moins d’infections et de restrictions possible. Elle ajouta « que les taux de vaccination élevés sauvent des vies », en particulier chez « vos grands-parents ». « C’est bien, mais ce n’est pas encore assez ! »

Nous retrouvons ici le message manipulateur « faites-vous vacciner pour sauver votre famille », que l’archi-vaccinatrice Cornelia Betsch avait lancé le 14 juillet. La lettre de Mme Kalayci passe sous silence le fait que la STIKO ne recommandait pas encore la vaccination des adolescents :

« Quand le vaccin a été approuvé, on ne savait pas grand-chose des séquelles et des effets secondaires (…) Entre-temps, environ 10 millions d’enfants et d’adolescents âgés de 12 ans et plus ont été vaccinés dans le monde. La lettre n’explique pas la signification de ce chiffre dans la mesure où elle ne fait pas mention des effets secondaires possibles. Elle ne mentionne pas non plus que, selon la STIKO, le virus est beaucoup moins dangereux pour les enfants et les adolescents que pour les adultes.

C’est le 2 août que la STIKO a commencé à vaciller. Son directeur, Mertens, a déclaré au Spiegel qu’ils travaillaient à la révision de leurs recommandations; et Ulrich Heininger, un membre de la STIKO, déclare que « les enfants et les jeunes ont le droit d’être vaccinés contre le Covid-19″. Le 16 août, ils ont finalement présenté un projet de recommandation en faveur de la vaccination de tous les jeunes de 12 à 17 ans, qui est entré en vigueur trois jours plus tard.

Que faut-il retenir de tout cela ?

1) Le projet de vacciner les enfants avant la fin des vacances scolaires de 2021 a pris forme très tôt, avant qu’aucune instance de réglementation n’ait approuvé les vaccins pour ce groupe d’âge.

2) Lorsque la STIKO n’a pas conseillé la vaccination des enfants conformément à ce plan, le gouvernement fédéral a immédiatement cherché à saper son autorité, et a tout de même proposé les vaccins aux adolescents.

3) En coulisses, d’odieux communicateurs de santé comme Cornelia Betsch ont commencé à mettre au point de la propagande destinée aux enfants pour les inciter à se faire vacciner contre l’avis de la STIKO, et peut-être même sans le consentement de leurs parents.

4) Jugeant peut-être que cette campagne furtive ne suffirait pas, le ministre-président bavarois Markus Söder a commencé à attaquer la STIKO dans la presse. M. Söder s’était distingué tout au long de la pandémie en exigeant toujours et partout les politiques d’hygiène les plus invasives et les plus interventionnistes qu’il soit possible de soutenir politiquement. M. Söder aimait affirmer qu’il ne faisait que « suivre La Science », ce qui est devenu un brin gênant pour lui, lorsqu’il exigeait la vaccination des enfants contre l’avis des scientifiques allemands.

5) Il a contourné ce problème en mentant. Il a déclaré à la télévision bavaroise que l’approbation de l’EMA et la recommandation de la STIKO étaient contradictoires. En fait, les deux organismes ont des prérogatives totalement différentes ; ce sont les instances de réglementation des États membres de l’UE qui sont chargées d’évaluer les risques et les avantages des interventions médicales dans les limites de ce qui a été approuvé par l’EMA.

6) Il s’est passé quelque chose dans les derniers jours de juillet qui a poussé l’ensemble de l’establishment politique à adopter la position de M. Söder. Ce phénomène est certainement lié à la période des vacances scolaires. Début août, les ministres de la santé ont décidé de vacciner les adolescents sans tenir compte de l’avis de la STIKO, et les hommes politiques se sont mis à faire des pieds et des mains pour saboter l’organe consultatif. La STIKO a finalement fait marche arrière, non pas parce que de nouvelles preuves étaient apparues, mais parce que la pression politique était devenue trop forte.

Cet article a été initialement publié par l’auteur sur EUgyppius substack, le 19 novembre 2023

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