Les banques critiquent l’euro numérique
Source : www.TKP.at, Thomas Oysmüller
Les banques semblent également s’en rendre compte : l’euro numérique pourrait, à terme, rendre de nombreuses institutions financières superflues.
En pleine phase de préparation de l’euro CBDC, les banques allemandes commencent à se défendre contre le projet monétaire de la BCE. Le secteur bancaire allemand (DK), qui représente les intérêts des institutions financières allemandes, s’inquiète pour sa propre existence. Devant la commission des finances du Bundestag, le président des caisses d’épargne a demandé une « limite de détention » de quelques centaines d’euros. Sans limite supérieure, si l’euro de la CBDC devient une « réserve de valeur », c’est-à-dire s’il est utilisé à des fins de spéculation ou d’épargne, on craint pour la « stabilité des marchés financiers ».
La BCE au lieu d’une caisse d’épargne
Sans limite supérieure, la liquidité de certaines institutions financières pourrait être menacée, selon le DK. Les détracteurs fondamentaux de la CBDC mettent en garde depuis longtemps : une CBDC aurait pour conséquence radicale la disparition de la plupart des petites et moyennes banques. L’étape finale serait que chaque citoyen dispose d’un compte directement auprès de la banque centrale, car l’euro de la CBDC sera en fin de compte toujours lié à la BCE. Les critiques du DK ont donné un nouvel élan à ces avertissements.
Le Handelsblatt l’a rapporté mercredi :
S’il n’y a pas de limite supérieure, le secteur bancaire allemand (DK) – le groupe d’intérêt commun des institutions financières allemandes – craint une forte fuite des dépôts dans certaines circonstances. Selon le DK, cela pourrait avoir un impact négatif sur la portée et les coûts des prêts, car la liquidité de certaines banques pourrait diminuer. Les effets concrets dépendront toutefois du modèle d’entreprise de chaque banque.
L’euro numérique prévu doit donc rester limité à sa fonction de moyen de paiement et « ne doit pas pouvoir être utilisé abusivement comme réserve de valeur », prévient le DK dans un récent communiqué. « Pour ce faire, le législateur doit fixer une limite de détention à trois chiffres basse et juridiquement sûre, ainsi qu’une interdiction d’intérêts.«
Le DK reproche également à la BCE de jouer « un rôle trop important dans la mise en œuvre du projet ».
La BCE rejette (naturellement) cette critique. L’euro numérique ne sera pas utilisé comme « investissement », mais comme moyen de paiement, explique-t-elle dans une publication récente. Il y aura bien une « limite de détention ». En outre, les soldes créditeurs « ne porteront pas intérêt ». La possibilité de taux d’intérêt négatifs n’est toutefois pas mentionnée. Techniquement, il serait simplement possible que l’argent sur le compte produise des intérêts négatifs et perde chaque jour de sa valeur.
Soit – selon l’explication – via l’application bancaire actuelle, soit via un « nouveau portefeuille pour smartphone ». Il ne serait pas surprenant que ce portefeuille soit intégré à l’eID (identification électronique sécurisée) de l’UE. C’est du moins l’hypothèse des critiques qui veulent voir dans la CBDC l’étape finale vers des citoyens totalement transparents.
Le Handelsblatt explique le calendrier : « Toutefois, il n’est pas encore clair si la monnaie numérique de la banque centrale sera effectivement mise en œuvre. Les États membres de l’UE et le Parlement européen doivent se prononcer à ce sujet. S’ils sont d’accord, une version numérique de l’euro ne sera probablement pas introduite avant 2027 au plus tôt«
Ronnie Grob, rédacteur en chef de Schweizer Monat, a fait part de son analyse sur Kontrafunk. Le lancement de l’euro de la CBDC est une grande affaire, « il interviendra très probablement lorsqu’il y aura des problèmes majeurs sur le marché financier qui pourront alors être résolus avec cette nouvelle monnaie »
La semaine dernière, un rapport de TKP a fait sensation en faisant état d’un document récent du ministère allemand de l’intérieur sur l’euro numérique. Ce document indiquait clairement que l’euro CBDC pouvait être programmé à des fins spécifiques, entre autres. Ronnie Grob a également abordé ces aspects dans sa dernière interview. La conclusion de Grob : « La CBDC est une monnaie de surveillance totale, où tout est possible. »
Suggérer une correction