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« La vague de VRS est en marche », s’exclame la presse allemande, alors que les virus hivernaux augmentent de façon anodine et conformément aux tendances saisonnières de longue date.

Maintenant que l’EMA a approuvé les nouveaux vaccins contre le VRS (virus respiratoire syncytial), les journalistes ont un nouveau virus à craindre.

Pendant la pandémie, les journalistes ont découvert une nouvelle activité, particulièrement attrayante en raison du peu d’efforts qu’elle demandait. Cette occupation consistait à consulter l’un des nombreux tableaux de bord Covid et les statistiques hebdomadaires sur les virus fournis par les autorités sanitaires, et à coller les chiffres qu’ils y trouvaient dans de fastidieux articles unidimensionnels sur les chiffres qui augmentaient et ceux qui diminuaient. Maintenant que les tableaux de bord ont disparu et que plus personne ne se soucie de faire des tests, nos journalistes sont privés de leur passe-temps favori. On peut penser qu’ils ne sont pas contents.

En Allemagne, tout ce qui reste à ces journalistes myopes et en manque d’inspiration, ce sont les rapports hebdomadaires compilés par les infatigables tabulateurs de grippe de l’Institut Robert Koch. Avant 2020, ces renifleurs de grippe travaillaient dans l’ombre, mais aujourd’hui, leurs rapports hebdomadaires font régulièrement la Une des journaux. À l’instar des titres de Covid qui les ont précédés, ceux-ci portent sur les chiffres qui augmentent et ceux qui diminuent. Le public peut ainsi continuer à jouir de l’anxiété virale à laquelle il s’est habitué. L’Agence publique de presse allemande semble être à l’origine de la majeure partie de ces reportages, et ses mises à jour obstinées sur les virus sont diffusées de manière fiable par la plupart des journaux nationaux et régionaux. Il s’agit d’un contenu facile et bon marché.

Cette semaine, c’est le VRS qui fait parler de lui. « La vague de VRS a commencé en Allemagne« , affirment Der Spiegel et tagesschau. « Infections des voies respiratoires :La vague du VRS est en marche« , déclare ZDF. « Corona, grippe, VRS : la situation des infections en Bavière« , propose Bayrischer Rundfunk ; « La vague d’infections continue de sévir en Saxe : Covid, influenza et RSV » est un article équivalent du Leipziger Volkszeitung. Et comme on nous demande surtout de nous préoccuper des virus pour lesquels il existe des vaccins, le Süddeutsche Zeitung publie son propre article intitulé « Protection contre le VRS : Ces nouvelles options de vaccination sont disponibles« .

Il est vrai que les infections par le VRS sont en augmentation. En effet, le VRS fait partie des virus du solstice qui deviennent particulièrement actifs pendant les mois les plus sombres de l’année. Jusqu’à présent, cependant, tout porte à croire que les infections par le VRS sont conformes aux tendances historiques de longue date. Le dernier rapport du RKI montre que « l’incidence des consultations » pour la tranche d’âge critique des 0-4 ans – le nombre d’enfants qui consultent un médecin en raison d’une infection respiratoire aiguë – est d’environ 5 000 pour 100 000, soit 5 %.

Il s’agit de la tranche d’âge la plus touchée par le VRS, et nous pouvons donc supposer que le virus est à l’origine d’une bonne partie de cette tendance. Les rapports antérieurs du RKI montrent que cette incidence est tout à fait normale : en 2018 et 2019, par exemple, l’incidence des consultations pour ce groupe d’âge était également égale ou légèrement inférieure à 5 000 au début du mois de décembre.

De l’avis général, la situation est bien meilleure que l’année dernière, où les enfants étaient traités à un rythme deux fois supérieur à la normale. Le déficit immunitaire qui a ravagé les jeunes après la fin des mesures pandémiques a été comblé et nous sommes à nouveau en équilibre avec le virus respiratoire syncytial.

Cela n’a pas d’importance et nous avons quand même droit à des rapports chiffrés sans contexte, parce que tout est stupide maintenant, et peu de choses sont aussi stupides que les rapports sur la santé après la pandémie. J’ai cherché dans tous les sens des articles sur les infections par le VRS datant d’avant la pandémie, et à part quelques articles dans la presse locale, je n’ai rien trouvé d’intéressant. L’anxiété suscitée par le VRS est un héritage de la pandémie et, à court terme, je suppose qu’elle sera utilisée pour encourager la vaccination des femmes enceintes contre le VRS. Je doute fort que ces vaccins modifient en quoi que ce soit les tendances saisonnières ; pour autant que je sache, personne ne prétend même qu’ils le feront. Si l’année prochaine, à la même époque, nous constatons les mêmes hospitalisations et consultations que d’habitude, nous saurons que les vaccins ne servent à rien. Mais cela n’arrêtera pas les vaccinateurs.

Cet article a été initialement publié par Eugyppius : a plague chronical

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